Cri de cœur

 Face à un monde gouverné par le mal, on attend d’un écrivain qu’il laisse libre cours à son imagination, sa créativité afin de plonger les lecteurs dans l’eldorado. Mais, quand le mal est profond, l’imagination perd toute crédibilité devant la réalité. Dans ce cas, il faut dénoncer au lieu de divertir.

En août 2023, à Guédiawaye, l’atmosphère matinale annonça une terrible nouvelle : Fallou Ndiaye, un enfant âgé de cinq ans a été poignardé puis égorgé sur la terrasse de son père. Un enfant innocent, incapable de répandre le mal. Un enfant qui était déjà confronté à la douleur de voir ses parents séparés, divorcés. Qui a osé s’en prendre cruellement à ce garçon ? La question reste jusque-là sans réponse venant des autorités compétentes. Ainsi, le mal a continué son chemin tel une trainée de poudre mortelle en quête d’autres victimes.    

En janvier 2024, à Keur Mbaye Fall, deux garçons ont été retrouvés dans une voiture en panne. L’un dans un état comateux et l’autre sans vie, la tête couverte de sang, les yeux crevés. Imaginez la cruauté de l’auteur de cet acte ! Assassiné un enfant puis enlever sauvagement ses petits yeux inoffensifs. Torturé un enfant jusqu’à ce qu’il se noie dans son sang. Mais, où va ce monde ? Comme la justice est restée sourde et muette, le mal a pris de l’ampleur. Quelques mois plus tard, en juillet, à Thiaroye sur mer, trois enfants de la même famille dont deux garçons âgés de cinq ans et une fille de quatre ans ont été retrouvé morts dans une voiture en panne. Tous sans exception. Pire, dans la même année, en décembre précisément, à Malika, Diary Sow, une fille âgée de douze ans a été violé puis assassiné par le père d’une de ses amies. Depuis quand se sert-on d’une enfant pour assouvir ses désirs ? Le viol, rien que le viol est une épreuve assez difficile à surmonter surtout pour une enfant. Diary est partie le corps Sali, l’innocence brisé. Diary est partie sans dire son dernier mot sur cette terre malsaine. Certainement, après cette chronologie écœurante, on pourrait penser qu’une telle atrocité envers les enfants n’a lieu qu’au Sénégal. Non ! La poudre du mal traine partout. Son voyage ne s’arrête pas sur une seule destination. Elle cherche des horizons, de nouvelles proies.

En mai 2025, au Cameroun (Yaoundé), Mathis, un garçon âgé de six ans, souriant et passionné de lecture : il rêvait de devenir journaliste. Hélas ! La cruauté humaine ne l’a pas épargné. Un voisin de son père l’a égorgé alors qu’il regardait tranquillement la télé. Cela parce qu’il s’est disputé avec le papa du petit garçon et pour se venger, il s’en prend lâchement à Mathis. Qu’est-ce qu’il a fait de mal pour mériter une punition aussi atroce ? Un enfant a payé de sa vie les pots cassés par un autre, un homme assez grand pour résoudre ses problèmes. C’est le même schéma qui est en train de se dérouler à Gaza. Actuellement, des milliers d’enfants meurent à fleur de l’âge sous des bombes, des missiles, des coups de feu à cause d’un conflit dont ils ne sont pas responsables. Même les bébés qui viennent tout juste de voir le jour ne sont pas épargnés.

Tous ces enfants victimes ont un point en commun et c’est l’injustice. Injustice parce que la justice laisse les coupables aussi libres que le vent. Injustice parce que les cris de cœur des proches des victimes sont comme une mélodie qui tympanise les oreilles de ceux qui doivent agir. Les dossiers finissent généralement par être classer sans suite. Ce qui menace davantage la sécurité des enfants. La peur habite le quotidien de chaque parent. Peur de retrouver un jour son enfant égorgé comme un mouton ou violé comme un objet sexuel. Peur de voir son enfant aller à l’école et ne pas rentrer sain et sauf à la maison. Il suffit d’observer le nombre de victimes entre 2023 et maintenant pour comprendre que la sécurité des enfants est gravement menacée. Surtout celle des enfants de la rue qui d’ailleurs n’ont ni famille ni toit. Ces enfants qui comptent sur l’aumône pour survivre. Ces enfants qui ne connaissent ni la lecture ni le chemin de l’école. Le cri de cœur retentit : assez ! L’heure est grave. Il est temps que des mesures drastiques soient prises. Sans les enfants, il n’y aura pas de jeunesse. Sans la jeunesse, aucune nation ne peut se développer. Un enfant, c’est un cadeau du Ciel, une bénédiction. A ce stade où nous sommes, les parents ont une grande part de responsabilité dans la violence faite aux enfants. Il y en a certains qui affichent constamment leurs enfants sur les réseaux vêtus de tenus indécentes et d’autres qui, à force d’aller au bureau, ne leur prêtent plus la moindre attention. Les autorités quant eux sont beaucoup trop occupés par la concurrence politique que du sort des enfants. Que devient un enfant, si ceux qui sont censés le protéger sont les premiers à le mettre en danger ? Les parents sont tenus de veiller sur les enfants et l’Etat est dans l’obligation de garantir la sécurité de ces derniers. Il faut prendre la cause des enfants au sérieux. Grandir en sécurité, c’est un droit pour chaque enfant, un devoir pour les parents et une obligation qui s’impose à l’Etat.

 

 

 

                                                                                                                       NDIAYE, Fatou

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